Haïti lance son Inventaire Forestier National pour relever le défi de la déforestation
Ouanaminthe, le 13 août 2025 :– La Direction des Forêts et des Énergies Renouvelables (DFER) du Ministère de l’Environnement (MdE), en collaboration avec le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Durable (MARNDR) et le Centre National des Informations Géospatiales (CNIGS), avec le soutien technique et financier de la FAO, a procédé ce mardi 12 août 2025 au lancement du Projet Inventaire Forestier National (IFN) d’Haïti, au Centre de germoplasme, de propagation végétale et de formation de Dosmond (Ouanaminthe). L’objectif du projet est d’actualiser les données techniques sur la situation forestière d’Haïti, tout en proposant des pistes pour un redressement durable de la couverture forestière.
Le Directeur Général du Ministère de l’Environnement, l’Ingénieur-Agronome Joseph Emmanuel Philippe, a officiellement ouvert cet atelier hybride (en présentiel et en ligne) en présence des cadres des Directions départementales du Grand-Nord et du Centre du MdE, de représentants du MARNDR et du CNIGS, du Représentant pays de la FAO, Monsieur Pierre Gauthier, du Vice-délégué de l’Arrondissement de Ouanaminthe, Monsieur Mirbel Charles, du Président de l’Association des Maires du Nord-Est, Monsieur Amide Gabriel, d’un représentant de la Mairie de Ouanaminthe, des associations de CASEC, de représentants d’universités publiques et privées, ainsi que des associations écologiques de la zone et du département en général.
Dans son allocution, le Directeur Général a souligné que l’agriculture, les pratiques d’agroforesterie, les droits de propriété et la fragmentation foncière constituent des éléments clés pour comprendre la demande en bois et les chaînes d’approvisionnement. Selon lui, la déforestation en Haïti résulte d’une longue histoire, influencée par des facteurs internes et externes, dont les ramifications complexes dépassent largement la seule production et le commerce du charbon.
Poursuivant son intervention, il a rappelé qu’au moment où Haïti fait face à un défi climatique majeur dans un contexte politique fragile, le pays, en tant que Petit État insulaire, est souvent exposé à des phénomènes naturels transformés en catastrophes, laissant une population vulnérable et démunie. Connaissant le rôle déterminant des forêts dans l’atténuation des catastrophes, il a insisté sur le caractère urgent et incontournable de l’Inventaire Forestier National. Cet outil contribuera à l’effort national en faveur de la croissance et de la réduction de la pauvreté, en mettant en valeur le potentiel des forêts de protection des bassins versants et des sources d’eau, des mangroves, des systèmes arborés et agroforestiers, notamment par l’introduction ou le renforcement d’arbres dans les parcelles agricoles.
Pour le Représentant pays de la FAO, Monsieur Pierre Vauthier, ce lancement officiel n’est pas un simple exercice administratif, mais un événement d’importance capitale pour le MdE, le MARNDR et pour Haïti dans son ensemble. C’est pour cette raison que la FAO soutient ce projet. Il a rappelé que la situation d’Haïti en matière de déforestation est très préoccupante et se détériore chaque année en raison des activités humaines (élevage, agriculture, production de charbon de bois, infrastructures…) et des changements climatiques. Sans action concrète, la situation continuera à s’aggraver. Pour une réponse étatique efficace, il est indispensable de disposer de données de référence permettant de suivre l’évolution et de mettre en place une gestion axée sur les résultats. Il a également exprimé le souhait que le pays engage une réforme financière permettant au MdE de mobiliser les fonds nécessaires pour répondre à ses obligations.
Par la suite, Madame Colas Jean-Manuella Miche, étudiante finissante en Sciences de l’Environnement, de la Terre et de l’Aménagement du Territoire à l’Université d’État d’Haïti, Campus de Limonade, maîtresse de cérémonie, a donné la parole aux représentants de la CNIGS, Madame Daïna Lee Ténor, et du MARNDR, Monsieur Dominique Francisque, qui ont présenté leurs différentes initiatives en matière de redressement du couvert forestier en Haïti.
Enfin, l’Agronome Eder Audate, Directeur de la DFER, a contextualisé l’atelier en présentant un état des lieux de la situation forestière du pays. Il a rappelé que, depuis des décennies, la déforestation en Haïti est décrite à travers des stéréotypes souvent éloignés de la réalité actuelle. Il a présenté les principaux résultats attendus du projet, parmi lesquels : l’amélioration du cadre légal et normatif pour la gestion durable des forêts nationales sur la base de données actualisées, la réalisation de l’Inventaire Forestier National, l’actualisation des données cartographiques sur la forêt haïtienne, l’élaboration d’une loi sur les forêts et la participation d’Haïti au programme d’inventaire forestier de l’Amérique latine et des Caraïbes de la FAO.
L’atelier s’est conclu par une visite guidée organisée par les responsables du Centre de Dosmond, permettant aux participants d’apprécier les initiatives de reforestation mises en œuvre sur le site, notamment en lien avec le renforcement de l’arboretum.
-FIN-
