Restauration communautaire de mangroves : offrir des activités alternatives aux producteurs de charbon et rétablir la résilience de l’écosystème côtier.
À la Réserve et à la Saline, deux petites communautés côtières de la Commune d’Anse-à-Pitres, quarante familles qui vivaient principalement de la production de charbon de bois se transforment en protecteurs de mangroves. La majorité des habitants de la Réserve vit essentiellement de la pêche et de charbon de bois. Des activités dont la pratique est fortement compromise depuis quelques années par la coupe abusive des mangroves.
Depuis plus d’un an, le projet Adaptation basée sur les écosystèmes (ABE) appuie la restauration de 15 hectares de mangroves dans la communauté de la Réserve qui a été très affectée par l’ouragan Matthew, en 2016. Parallèlement à cette activité, quarante familles ont reçu des matériels de pêche et des glacières pour la conservation des poissons. L’objectif est, d’une part, de générer des ressources alternatives pour permettre aux familles de répondre à leurs besoins ; et d’autre part, de réduire la pression exercée sur les mangroves.
« Aujourd’hui, les habitants de la communauté sont mieux conscientisés du rôle des mangroves dans la conservation des écosystèmes côtiers comme habitat, la protection contre les marées hautes en tant que brise-vent. Nous nous engageons, en ce sens, à assurer la durabilité des acquis du projet bien au-delà de la période de financement », explique Jackson Fils, membre du comité de contrôle et de gestion des mangroves. La surveillance des espaces restaurés, la gestion des pépinières sont des tâches quotidiennes du comité. En période de sécheresse, ils vont chercher de l’eau à des kilomètres pour arroser les plantules.
La Réserve et la Saline sont des zones sèches très menacées par le changement climatique. De longues périodes de sécheresse – plus de huit mois en 2018 -, une mauvaise gestion des bassins versants et des pratiques de pêche non viables ont accru la vulnérabilité de ces communautés aux phénomènes météorologiques extrêmes. La restauration et la conservation des écosystèmes de mangroves avec la participation des communautés est un élément essentiel de la stratégie de réduction de la vulnérabilité proposée par le projet ABE. L’implication des communautés dans la restauration de la mangrove valorise le savoir-faire local et la contribution des habitants à la résolution des problèmes environnementaux.
Avec l’appui technique de Village Planète, une organisation non-gouvernementale nationale spécialisée dans la régénération des mangroves, des pépinières mieux adaptées aux caractéristiques biophysiques de la zone ont été installées et des anciens producteurs de charbon de bois ont reçu une formation sur la conservation de l’écosystème de mangroves. « La restauration des mangroves accroit la production de crustacés comestibles et contribue à la protection des espèces de poissons menacés », raconte l’Agronome Obéi Dolcé, coordonnateur de Village Planète.
Le projet Adaptation Basée sur les Écosystèmes (ABE) est exécuté par le Ministère de l’Environnement (MDE) et le Programme des Nations-Unies pour le Développement
(PNUD) et financé par le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM). Il vise la réduction de la vulnérabilité des populations vulnérables d’Haïti aux effets du changement climatique et le renforcement de la résilience face aux menaces climatiques dans les principaux bassins versants et zones côtières et de la contribution des aires protégées à la conservation de la biodiversité et au développement durable dans les zones côtières et marines.